Et si les quartiers prioritaires ultra-marins détenaient les clés d'une régénération urbaine plus écologique ?
Sur l'île de la Réunion, haut lieu mondial de biodiversité, nos interventions en quartiers prioritaires révèlent une pratique aussi discrète qu'instructive : l'appropriation spontanée des espaces latents par le végétal. Les habitants investissent les délaissés urbains, transformant perrons et interstices en jardins nourriciers – manioc, légumes, fruitiers – ou en seuils d'accueil pour cultiver la convivialité de voisinage.
Ces micro-aménagements paysagers expriment bien davantage qu'une volonté d'embellissement. Ils témoignent d'un attachement au territoire et perpétuent la tradition créole du partage : celle de la bouture, du jardin simple mais luxuriant, de l'hospitalité cultivée. Une forme vernaculaire d'urbanisme participatif, en somme.
Cette énergie citoyenne ne devrait-elle pas irriguer nos opérations de renouvellement urbain en Métropole ?
Face aux enjeux climatiques, le temps est peut-être venu de dépasser la frilosité des maîtrises d'ouvrage. Laisser davantage de marges de manœuvre aux habitants pour façonner leurs cadres de vie quotidiens : voilà une piste de résilience territoriale encore sous-exploitée dans nos démarches de projet urbain dans l’hexagone.